RE: La guerre des marmottes
Assis sur les marches de l'un des temples du fortin, la tête entre les bras, Madrak réfléchissait. Non loin de lui, Nijo, son sauveur, faisait les cent pas. La marmotte devait, comme lui, réfléchir à la manière dont ils pourraient sortir de là en vie.
Un seul et unique nom venait ponctuer toutes les réflexions du jeune manchot : Bizzy. Tout avait commencé à cause de cette maudite garce. Madrak la connaissait depuis longtemps. Ils sétaient rencontrés quelques années auparavant, bien loin du monde dAdept. Elle avait immédiatement sympathisé, mais lElfe Noir lavait trahie contre une poignée de gloups, qui valait certainement mieux que lamitié de cette folle furieuse enragée. Si seulement elle avait pu mourir de cette trahison, cela aurait arrangé ses affaires. Mais non, elle survécut, bien déterminée à se venger.
Madrak sétait depuis fait mercenaire, métier qui lavait conduit en terre dAdept, où un triste mécréant lui avait tranché le bras gauche peu après son arrivée. Incapable de poursuivre cette profession, il sétait alors installé chez le sire KindeaTh, sans encombres particulières.
Un soir, alors quil se réveillait, un jeune serviteur crasseux lui avait apporté une missive anonyme, linvitant à se rendre devant les portes de Mourruland, afin dy trouver une poignée dinformations concernant lhomme qui lavait rendu manchot. Le Drow sétait mis en route à la tombée de la nuit, sans oublier, au préalable, de demander à son ami Nijo, une marmotte, dintervenir au cas où les choses dégénéreraient
A dos de dragon, la route ne fut pas longue. Arrivé sur les lieux, Madrak naperçut dabord rien. Puis, en scrutant les environs, il se rendit compte de la présence dun corps inerte de jeune femme Drow. Son sang ne fit quun tour lorsquil découvrit son visage : cétait Bizzy, endormie. Ricanant sous cape, lElfe Noir sortit d'une poche de son manteau l'une de ses fioles de poison et entreprit de vider son contenu dans lorifice buccal de sa victime.
« Héhéhé, pauvre folle, ceci te calmera
pour toujours ! »
Une fois son méfait accompli, le Drow rebroussa silencieusement chemin lorsquil entendit derrière lui quelques bruits infimes ; Bizzy était sortie de son sommeil, sûrement réveillée par le goût amer du poison quelle venait dingurgiter. Madrak tenta de fuir, mais il était trop tard. Une flèche lui transperça le flanc, et il saffala de tout son long sur le sable, pour la seconde fois depuis son arrivée dans ce désert
Lorsquil séveilla, la première chose quil vit fut une marmotte lui tendant la patte. Nijo venait de le sauver dune mort certaine, et Madrak lui en serait éternellement redevable. Il aperçut quelques mètres plus loin le cadavre de son bourreau, donné en pâture aux charognards. Cette vision fit sesquisser un sourire sur les lèvres du jeune Drow.
« Au plaisir de ne plus te revoir, Bizzy ! »
Hélas, les invocations magiques de la marmotte se précipitaient dangereusement vers les remparts des gardiens de Mourruland, et lendroit ne tarderait pas à grouiller de tueurs sanguinaires. Enfourchant leurs dragons, les deux amis se dirigèrent vers le fortin le plus proche, où ils trouvèrent paix et sécurité
Mais pour combien de temps ?
Et maintenant, voilà quils étaient encerclés, sans aucune échappatoire possible. Au dehors, on construisait les catapultes. Madrak et Nijo nétaient plus que des morts en sursis
« Bah, de toute manière, je ne peux rien faire de plus
»
Coupant court à toutes ses réflexions, le Drow sendormit, tandis que son compagnon veillait, tentant de trouver une solution
Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque Madrak séveilla. Il fut surpris de ne point trouver Nijo à ses côtés. Regardant à travers une ouverture de la porte, il saperçut que les lieux étaient déserts. Cétait le bon moment !
Le manchot sortit alors du fortin, en direction de son foyer. Il fut pris dhorreur à la vue du cadavre décomposé de Nijo, quelques mètres plus loin. Son assassin ne lui avait laissé aucune chance, et sa tête avait été séparée du reste de son corps avec violence. Effrayé, Madrak accéléra sa vitesse de croisière.
Désormais, il n'en doutait plus ; ses jours étaient comptés